
Harcèlement
Publié le 29.08.2024
Phobie scolaire : quels sont les symptômes et comment aider son enfant ?
« Je ne veux pas aller à l'école ! ». Cette exclamation, d'apparence anodine, peut cacher une réalité clinique complexe et sous-diagnostiquée : le refus scolaire anxieux. Dans cette situation, l'école est source de souffrance pour l'enfant. Ce blocage s'explique souvent par une combinaison de facteurs. Quels sont les causes et les symptômes de la phobie scolaire ? Comment aider son enfant ?
Qu'est-ce que la phobie scolaire ?
La phobie scolaire désigne une peur intense de se rendre à l'école, qui engendre des répercussions sur les apprentissages et le temps de présence en classe. Plus spécifiquement, l'expression est employée pour décrire des « enfants qui, pour des raisons irrationnelles, refusent d'aller à l'école et résistent avec des réactions d'anxiété très vives ou de panique quand on essaie de les y forcer ». Cette définition, donnée en 1974 par le neuropsychiatre et psychanalyste Ajuriaguerra, reste d'actualité aujourd'hui.
La classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent met également des mots sur la phobie scolaire. Celle-ci se caractérise par « des manifestations d'angoisse majeure avec un phénomène de panique liées à la fréquentation scolaire, ce qui interdit sa poursuite sous les formes habituelles ».
Cette pathologie encore mal connue compte parmi les problématiques d'absentéisme scolaire. On en distingue 4 :
- Le refus scolaire anxieux (RSA), autre terme utilisé pour désigner la phobie scolaire : l'absence de l'enfant est liée à un trouble émotionnel,
- L'école buissonnière : l'enfant dissimule son absence à ses parents, mais celle-ci ne repose pas sur des difficultés émotionnelles,
- Le retrait scolaire : il résulte d'un manque d'incitation à aller à l'école ou bien d'une volonté parentale de garder l'enfant au domicile,
- L'exclusion scolaire : l'établissement est dans l'incapacité d'accueillir l'élève.
À partir de quel âge la phobie scolaire peut-elle apparaître ?
En général, le refus scolaire anxieux apparaît entre 5 et 11 ans. Selon une étude française publiée en avril 2024, la plus grande menée à ce jour, ce phénomène touche entre 1 et 5 % des enfants d'âge scolaire.
Certaines catégories d'âge constituent un terrain propice à la manifestation des angoisses scolaires : l'entrée au CP vers 6 ans, au collège vers 11 ans et en classe de 4e, vers 13 ans. Ces moments charnières, où l'enfant traverse des étapes de développement importantes (« maturation somatopsychique »), appellent à une vigilance et à un soutien renforcés.
La phobie scolaire concerne 1 à 5 % des enfants
Qui est le plus touché par la peur irrationnelle d'aller à l'école ?
La phobie scolaire engendre un véritable blocage chez l'enfant. Ce n'est pas qu'il ne veut pas aller à l'école, c'est qu'il ne peut pas. En anglais, on parle d'ailleurs de school refusal. Dans cette expression, le terme hippique refusal fait référence à l'incapacité soudaine du cheval à franchir un obstacle. Une image parlante dans le contexte du refus scolaire anxieux.
Contrairement à une phobie simple, comme celle d'un animal, la phobie scolaire fait que les enfants peuvent avoir peur de diverses situations, par exemple :
- Les camarades qui les molestent,
- La foule dans la cour,
- L'interrogation orale,
- Les mauvaises notes,
- Le fait de vomir devant toute la classe,
- Les transports en commun pour aller à l'école...
Les sources de ce blocage sont donc complexes, multiples, et souvent cumulatives. Voyons les principaux facteurs de phobie scolaire plus en détail.
L'anxiété sociale ou de séparation
Les enfants atteints d'anxiété de séparation éprouvent une détresse intense à l'idée de se séparer de leurs parents, tandis que ceux avec de l'anxiété sociale craignent les interactions avec leurs pairs ou leurs enseignants. Ces formes d'anxiété peuvent conduire à une phobie scolaire. L'étude d'envergure réalisée en France cette année révèle notamment que 28 % des enfants touchés par ce trouble souffrent également de phobie sociale.
La dépression
Autre chiffre mis en lumière par l'enquête nationale : la dépression chez les enfants et les adolescents constitue une autre cause significative de la phobie scolaire, à hauteur de 33 %. Les symptômes de la dépression, tels que la tristesse persistante, la perte d'intérêt pour les activités quotidiennes et la fatigue, peuvent rendre l'idée d'aller en classe insupportable. Les élèves déprimés peuvent se sentir accablés par les exigences scolaires et sociales, préférant éviter complètement l'école.
Les troubles des apprentissages
Dyslexie, dyscalculie, dysphasie... Les troubles DYS non diagnostiqués ou « mal gérés » peuvent également contribuer à l'installation d'une phobie scolaire. Les enfants qui ont du mal à lire, écrire, ou calculer peuvent éprouver un stress important à l'école. Par ailleurs, les élèves à haut potentiel intellectuel (HPI) sont plus exposés au refus scolaire anxieux, par manque d'intérêt (ennui en classe) ou parce qu'ils rencontrent des difficultés d'adaptation sociale et scolaire.
Le harcèlement scolaire
Toujours selon l'étude française de 2024, la moitié des jeunes souffrant de phobie scolaire ont été victimes de harcèlement. Insultes, moqueries, agressions... Les enfants harcelés évoluent dans un climat d'insécurité et de peur qui peut aboutir à un refus catégorique d'aller à l'école.
Phobie scolaire : 1 enfant sur 2 victime de harcèlement
L'anxiété de performance massive
62 % des enfants touchés par le refus scolaire anxieux ont ressenti une forme de pression de la part de l'établissement, de leurs parents ou d'eux-mêmes. D'où qu'elles viennent, ces attentes trop grandes peuvent rendre les élèves terrifiés à l'idée de ne pas être à la hauteur et d'échouer, les poussant ainsi à éviter l'école.
Quels sont les symptômes de la phobie scolaire ?
En tant que parent, vous pouvez apprendre à détecter les signes d'une éventuelle phobie scolaire.

Le refus d'aller à l'école
Premier indice évocateur : l'enfant exprime son inquiétude de retourner à l'école, et manifeste une forte réticence à l'idée d'y mettre les pieds. Il peut alors faire tout son possible pour l'éviter, et entrer dans un état de panique avec des crises de larmes, des cris, voire une résistance physique. Si l'enfant ne verbalise pas son mal-être, les parents peuvent observer un changement d'attitude lorsque le sujet de l'école est évoqué, avec des manifestations d'angoisse. Dans certains cas, les jeunes vont jusqu'à se faire du mal afin de pouvoir rester à la maison.
Les manifestations somatiques
L'apparition de maux psychosomatiques représente l'un des principaux symptômes de la phobie scolaire. Douleurs au ventre, maux de tête, nausées, crampes, respiration difficile, malaises... Ces souffrances physiques traduisent la détresse émotionnelle vécue par l'enfant. Ces réactions, bien réelles, peuvent survenir en fin de week-end ou le matin avant de partir à l'école. En outre, il est possible d'observer des troubles du sommeil et de l'alimentation.
La modification du comportement scolaire
Le refus scolaire anxieux peut se refléter par des difficultés à suivre les cours, engendrées par la fatigue constante due à un niveau d'angoisse élevé, les absences à répétition et les éventuels allers-retours à l'infirmerie. Ceci peut conduire à une baisse des notes et à une autodévalorisation de l'enfant.
Comment diagnostiquer une phobie scolaire ?
On distingue 4 critères de diagnostic du refus scolaire anxieux :
- Le rejet de l'école est associé à une détresse émotionnelle, et se caractérise habituellement par de l'absentéisme scolaire d'une durée variable.
- L'enfant ne tente pas de dissimuler l'absence à ses parents, ou ne la cache plus une fois le mensonge découvert.
- L'enfant n'affiche pas un comportement antisocial marqué lorsqu'il se trouve en dehors de l'école.
- Le rejet est présent bien que les parents fournissent des efforts suffisants pour garantir la présence de l'enfant à l'école, ou manifestent leur volonté d'une scolarité à temps complet.
Au regard de ces caractéristiques et des symptômes que vous avez remarqués chez votre adolescent, vous soupçonnez qu'il souffre de phobie scolaire ? Sachez qu'il existe un auto-questionnaire destiné aux jeunes de 10 à 16 ans.
Intitulé School Refusal Evaluation (SCREEN), ce test compile 18 affirmations à noter sur une échelle allant de « ne me correspond pas du tout » à « me correspond complètement ». Les items portent sur 4 facteurs : évitement de l'école, malaise interpersonnel, transition difficile, anticipation anxieuse. À l'issue du test, le score global obtenu permet de repérer une situation de refus scolaire anxieux, le seuil critique se situant à 41. Comment calculer ce score ? Référez-vous à la notice d'utilisation de la SCREEN.
Que peuvent faire les parents face à des manifestations d'angoisse scolaire ?
La phobie scolaire peut être une situation déstabilisante pour les parents. L'association phobie scolaire, fondée en 2008, partage une feuille de route regroupant des actions concrètes à entreprendre pour aider les élèves concernés. Voici les 3 grands axes qui se dégagent de cette ressource.
Interrompre temporairement l'école
Une pause de 3 semaines permettra à l'enfant de se calmer et de recevoir un soutien adéquat. Cette période peut être utilisée pour prendre les rendez-vous nécessaires afin de travailler sur les causes sous-jacentes de la phobie scolaire.
Échanger avec les équipes pédagogiques
Ouvrir le dialogue entre les parents et l'établissement est crucial, notamment pour faire le point sur la situation et les éventuelles difficultés rencontrées en classe. Les écoles peuvent mettre en place un projet d'accueil individualisé (PAI) et offrir des aménagements spécifiques aux enfants phobiques, comme des horaires flexibles ou la dispense d'un cours anxiogène.

Écarter l'éventualité d'un harcèlement
Le harcèlement étant une cause fréquente de phobie scolaire, il est essentiel de s'assurer que l'élève n'en est pas victime. Les parents doivent discuter ouvertement avec leur enfant et les enseignants pour identifier tout signe de harcèlement et prendre des mesures immédiates pour le stopper.
Qui consulter en cas de symptômes de phobie scolaire ?
Face à des manifestations de refus scolaire anxieux, les parents doivent d'abord consulter le médecin généraliste ou le pédiatre de l'enfant. Ce premier contact médical permet de préciser la situation et de les orienter si besoin vers les spécialistes compétents.
Quelles sont les prises en charge possibles face à la peur intense de l'école ?
Envisager un suivi psychologique est souvent une première étape essentielle. Un psychologue peut aider l'enfant à gérer son anxiété et à développer des stratégies pour faire face à ses peurs. En outre, une évaluation du profil cognitif de l'enfant peut être réalisée. L'objectif est d'identifier d'éventuels troubles des apprentissages ou des profils particuliers, comme les HPI ou TDA/H.
Activement engagée aux côtés des parents, la MAE accompagne les enfants et les adolescents dans les moments difficiles. Ainsi, nos offres d'assurance scolaire et d'assurance maternelle contiennent une garantie dédiée à la prise en charge des consultations de psychologie relatives à des événements traumatisants, notamment le harcèlement et le cyberharcèlement.
En parallèle du travail thérapeutique, il peut être pertinent d'aborder la problématique sous différents angles, en s'intéressant par exemple :
- À la sophrologie et à la méditation pour la gestion du stress,
- Au sport et à l'alimentation pour l'hygiène de vie,
- Au développement de projets artistiques...
Quel traitement peut être mis en place pour aider l'enfant ?
Le traitement de la phobie scolaire s'effectue généralement par le biais d'une thérapie cognitive et comportementale (TCC). Cette méthode aide l'enfant à travailler sur ses émotions et ses angoisses via des techniques de gestion du stress. Elle s'avère particulièrement efficace, preuve en est au CHU de Montpellier, où tous les jeunes patients reçus en hospitalisation de jour ont pu reprendre le chemin de l'école.
Dans certains cas, le médecin peut prescrire des médicaments pour traiter des symptômes sévères d'anxiété ou de dépression, toujours en complément d'un suivi psychologique.
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