Comment savoir si mon enfant souffre de cyberviolence ?

Comment savoir si mon enfant souffre de cyberviolence ?

La cyberviolence touche de plus en plus de jeunes, exposés quotidiennement aux dangers du numérique. Quelles sont les formes de violence en ligne et leurs conséquences ? Parents, apprenez à reconnaître les signes de détresse chez vos enfants, et découvrez les mesures à prendre pour les protéger efficacement.

La cyberviolence, qu'est-ce que c'est ?

La cyberviolence englobe toutes les formes de violence perpétrées via les technologies numériques, telles que les ordinateurs, les smartphones ou le Web. Contrairement aux violences physiques qui se déroulent dans les cours d'école, les cyberviolences peuvent survenir à toute heure et dans n'importe quel lieu où une connexion internet ou un réseau de données mobiles est disponible. Résultat : aucun répit pour les victimes !

La cyberviolence laisse des contenus en ligne qui sont difficiles à effacer. De plus, l'anonymat et la rapidité de diffusion sur le Net leur permettent de se répandre très rapidement, et de toucher un grand nombre de personnes en un temps record.

Quelles sont les différentes formes de violence numérique ?

Il existe plusieurs types de violences sur Internet :

  • Le cyberharcèlement: il s'agit de comportements répétitifs et intentionnels visant à humilier, intimider ou menacer une personne via des messages, des rumeurs, des images ou des vidéos. Le harcèlement en ligne peut se produire sur les réseaux sociaux, par e-mail ou via des applications de messagerie.
  • L'usurpation d'identité : elle implique l'utilisation des informations personnelles d'un individu sans son consentement pour se faire passer pour lui, souvent dans le but de nuire à sa réputation ou de commettre des fraudes.
  • La diffusion de contenus privés sans consentement : cela inclut la publication de photos, vidéos ou données personnelles sans l'autorisation de la personne concernée. Lorsque des images intimes sont dévoilées, on parle de « revenge porn » ou de « pornodivulgation ».

Par ailleurs, certains termes ont émergé pour désigner des actes spécifiques de violence numérique.

Voici quelques exemples communiqués par le site internetsanscrainte.fr pour aider les parents à mieux comprendre le phénomène :

  • Le compte ficha : issu du verlan « afficher », le compte ficha vise à humilier publiquement une personne en publiant des contenus personnels sans son consentement.
  • Le flaming : l'envoi d'une série de messages violents, insultants ou dégradants à un individu.
  • Le raid numérique : un groupe de personnes attaque simultanément une ou plusieurs victimes à des fins d'humiliation ou de vengeance.
  • Le body shaming : l'auteur se moque du physique de quelqu'un.
  • Le slut shaming : le fait d'adresser des propos abaissants, culpabilisants ou stigmatisants à l'encontre d'une femme à cause de son comportement jugé dégradant.

De manière plus large, les insultes, les propos à caractère discriminatoire, les moqueries, les menaces, le chantage, l'incitation à la haine ou encore les intimidations constituent des formes de cyberviolence.

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Quelle est la différence entre la cyberviolence et le cyberharcèlement ?

La cyberviolence est un terme générique qui regroupe toutes les sortes de violences commises à travers les outils numériques. Elle inclut des actes variés comme le harcèlement, l'intimidation, la diffusion non consentie de données personnelles et le piratage de compte.

Le cyberharcèlement, en revanche, est une sous-catégorie de la cyberviolence. Il se produit en ligne, et se caractérise par des attaques répétées et délibérées visant à nuire à quelqu'un. Ainsi, la nature durable et ciblée des intentions malveillantes est représentative du harcèlement en ligne.

Qui sont les principales victimes de la cyberviolence ?

En France, plus de 40 % de la population déclare avoir été victime de cyberviolence, selon un sondage Ipsos publié en 2022 pour le compte de l'association « Féministes contre le cyberharcèlement ». Ce phénomène touche particulièrement certains groupes, à savoir les 18-24 ans (87 %), les personnes LGBTQIA+ (85 %), les personnes racisées (71 %), et les femmes de moins de 35 ans (65 %).

Au-delà des jeunes adultes, les enfants adeptes des nouvelles technologies sont également des cibles fréquentes. Une récente étude Statista révèle que près de 30 % des collégiens ont subi au moins une forme de cyberviolence durant l'année scolaire 2021-2022.

La plupart du temps, les violences numériques correspondent à des injures, des moqueries, ou des sobriquets (21,1 % des cas). Viennent ensuite la diffusion de rumeurs ou de contenus humiliants (8,8 %), l'usurpation d'identité (5,4 %), et le visionnage contre son gré d'images ou de films à caractère sexuel (4,4 %). Les menaces, le happy slapping (violences filmées) et le racket par téléphone sont moins répandus au collège.

Comment reconnaître les signes de la cyberviolence ?

Si 31 % des parents annoncent que leurs enfants ont déjà été victimes de cyberviolence au moins une fois, 1 parent sur 10 reconnaît ne pas savoir si leur petit est concerné ou non (sondage Ipsos). En effet, il n'est pas toujours évident d'identifier un cas de violence numérique. Pourtant, savoir détecter ce type de situation permet de réagir vite et de façon appropriée afin d'éviter les conséquences associées au phénomène, et ainsi d'offrir un soutien adapté.

Les signaux d'alerte chez les enfants et les adolescents

Votre enfant est-il victime de cyberviolence ? Soyez attentifs aux points suivants pour confirmer ou lever vos soupçons :

  • Repli sur soi inhabituel : un enfant qui s'isole ou évite les relations sociales peut être en train de subir des violences numériques.
  • Rejet par les camarades : vous avez le sentiment que votre petit est exclu ou marginalisé par les élèves de sa classe.
  • Manifestation d'anxiété : le stress, les troubles du sommeil, les maux de tête ou de ventre peuvent être des indicateurs.
  • Tentatives d'évitement scolaire : votre enfant, jusque-là ravi d'aller à l'école, sèche les cours ou demande à rester à la maison sans raison apparente.

De manière générale, tout changement de comportement inexpliqué doit vous interpeller, car il peut être révélateur d'une situation de mal-être.

Les conséquences des cyberviolences sur le bien-être et la scolarité des jeunes

De l'école primaire aux études supérieures, en passant par le collège et le lycée, la cyberviolence peut avoir des répercussions graves et durables chez les enfants. Les jeunes victimes peuvent souffrir de solitude, de tristesse, et de dépression. Elles peuvent également éprouver un sentiment de persécution et d'insécurité, et perdre en estime de soi. Dans les cas les plus graves, ces conséquences sur la santé mentale peuvent conduire à des tentatives de suicide.

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Les violences numériques impactent également la scolarité. En effet, la chute des résultats scolaires, l'absentéisme et le décrochage scolaire sont courants chez les élèves confrontés à la cyberviolence. Face à ces risques, la MAE s'engage aux côtés des parents et des enfants avec son assurance extrascolaire, qui permet une prise en charge des événements traumatisants comme les cyberviolences.

Comment lutter contre la cyberviolence ?

La lutte contre la cyberviolence nécessite une approche concertée impliquant les parents, les enseignants, et les enfants eux-mêmes. Il est essentiel de créer un environnement où les jeunes se sentent en sécurité et soutenus pour parler de leurs expériences en ligne.

Le rôle des parents et de l'école

Pour les parents, la communication est la clé. Il est primordial d'établir un dialogue ouvert et honnête avec les enfants concernant leur utilisation d'Internet et des réseaux sociaux. Vous pouvez ainsi poser des questions sur les activités en ligne de vos enfants et sur les personnes avec lesquelles ils interagissent. Vous pouvez également utiliser des outils de contrôle parental pour limiter l'exposition de votre ado à des contenus inappropriés.

Les établissements scolaires jouent un rôle tout aussi crucial. Ils doivent mettre en place des programmes de prévention pour sensibiliser les élèves à la cyberviolence et promouvoir un comportement respectueux en ligne. Les enseignants et les conseillers scolaires peuvent servir de première ligne de défense, repérant les signes de détresse et intervenant rapidement pour aider les élèves affectés.

L'éducation et la sensibilisation aux médias sociaux

Les enfants qui utilisent beaucoup les écrans sont souvent exposés aux cyberviolences¿ ou susceptibles d'en commettre. Problème : ils sous-estiment généralement la gravité de leurs actes à cause de la banalisation du phénomène, de l'ignorance des lois et du sentiment d'impunité offert par l'anonymat. Ainsi, ils ne se rendent parfois même pas compte qu'ils participent à des violences numériques.

En tant que parent, il est donc important d'éduquer les enfants sur les bonnes pratiques en ligne et de les sensibiliser aux dangers d'Internet. Pour cela, veillez notamment à leur inculquer le respect de l'autre sur le Web et en dehors, et à leur expliquer les conséquences de la cyberviolence.

Qui contacter en cas de cyberviolence ?

En cas de problème, savoir vers qui se tourner est vital ! Pensez à communiquer à votre enfant le numéro national dédié aux victimes de violences numériques : 30 18. Le service est accessible 7j/7, de 9 h à 23 h. Les appels sont anonymes, confidentiels et gratuits. Une application est également disponible.

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Que dit la loi sur la cyberviolence ?

Les droits des victimes de violence sur Internet

Les personnes qui subissent des cyberviolences, dont du harcèlement en ligne, peuvent signaler cette infraction à la gendarmerie ou à la police. Pensez à récolter des preuves au moyen de captures d'écran, et d'enregistrements vidéo ou audio. Vous pouvez également demander la suppression des contenus illicites publiés sur Internet.

Les sanctions encourues par les auteurs

Les violences numériques sont punies par la loi, et les sanctions varient selon la forme de l'attaque. Par exemple, les auteurs de cyberharcèlement peuvent encourir jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 € d'amende. Dans les faits, le nombre de condamnations reste relativement faible pour ce type de délit. En 2021, seulement 54 condamnations pour harcèlement en ligne ont été enregistrées en France, selon Statista.

FAQ sur la violence en ligne

  • Comment encourager les jeunes à signaler les cas de cyberviolence ?

    Parlez régulièrement avec eux de leur vie privée en ligne, et assurez-leur un environnement de confiance où ils se sentent à l'aise pour partager leurs expériences sans crainte de jugement.
  • Quelles mesures les plateformes en ligne prennent-elles pour combattre la cyberviolence ?

    Les plateformes renforcent leurs politiques de lutte contre la cyberviolence en supprimant les contenus haineux et en développant des outils pour signaler les abus. Par exemple, YouTube supprime régulièrement des vidéos pour harcèlement et discours haineux.
  • Quelles sont les ressources disponibles pour les victimes de cyberviolence ?

    Les victimes peuvent se tourner vers des associations spécialisées et des services de conseil scolaire, et signaler les incidents aux autorités. Des ressources en ligne et des numéros d'aide sont également disponibles pour un soutien immédiat, comme le 30 18, accessible 7j/7, de 9 h à 23 h.

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