
Sensibilisations aux médias
Publié le 09.08.2024
L'application Ten Ten : les dangers potentiels de la nouvelle application à la mode
Lancée il y a maintenant plus d'un an, l'application française Ten Ten a vu sa popularité et sa médiatisation exploser depuis fin mai. La plateforme, qui transforme les smartphones en une sorte de talkie-walkie, a gagné plusieurs millions d'utilisateurs en l'espace de quelques semaines. Un succès fulgurant qui étonne, et qui inquiète. Prisée par les adolescents, l'application les expose à des risques de cyberharcèlement, et peut parfois même constituer un danger pour leur santé.
Ten Ten : comment ça marche ?
Ten Ten est rapidement devenue populaire parmi les adolescents. Le principe de son fonctionnement ? L'application permet d'envoyer des messages vocaux en direct à ses contacts, offrant une expérience de communication instantanée et spontanée, similaire à celle permise par un talkie-walkie.
L'utilisateur n'a qu'à appuyer sur la photo de profil d'un contact, maintenir son doigt en position et parler : l'interlocuteur entend alors sa voix en temps réel, même en cas de téléphone verrouillé. Pas besoin de décrocher comme pour un appel classique.
Des dérives déjà constatées
Il n'a pas fallu attendre longtemps avant que Ten Ten ne vienne perturber les salles de classe. Quelle meilleure manière de piéger un camarade que de faire surgir de son smartphone un cri tonitruant en plein milieu d'un cours ?
Autre phénomène inquiétant constaté : les canulars nocturnes. Si le téléphone du destinataire n'est pas en mode « silencieux », celui-ci peut être tiré du sommeil en pleine nuit par un message intempestif. Une blague qui peut prêter à rire pour son auteur, mais qui, si elle se répète, peut également impacter la santé de sa victime en altérant son sommeil.
C'est donc principalement l'intrusivité permise par l'application qui soulève des questions. Une intrusivité qui expose notamment les jeunes à des risques accrus de harcèlement en ligne.
Les risques de cyberharcèlement liés à Ten Ten
L'une des principales ombres qui planent sur le succès de l'application Ten Ten concerne les risques potentiels de cyberharcèlement encourus par ses utilisateurs, notamment les ados.
Qu'est-ce que le cyberharcèlement ?
On parle de cyberharcèlement pour désigner un harcèlement qui se produit via les plateformes et outils numériques. Il peut se manifester sur les réseaux sociaux, les applications de messagerie et les jeux en ligne, par exemple. Il consiste à répéter des actions malveillantes à l'encontre d'une personne ciblée, dans le but de l'effrayer, de l'humilier ou de porter atteinte à sa réputation en passant par des technologies connectées.
Ces comportements de cyberharcèlement peuvent se manifester sous diverses formes, comme par exemple :
- La diffusion de fausses rumeurs,
- La publication de photos ou vidéos humiliantes sur les réseaux sociaux,
- L'envoi répété de messages, images ou vidéos à caractère haineux et menaçant via des applications de messagerie,
- L'usurpation d'identité pour envoyer des messages blessants en se faisant passer pour quelqu'un d'autre, ou en utilisant des comptes fictifs.
Les publications sur les réseaux sociaux ou les applications de messagerie peuvent de plus devenir virales presque instantanément. Toute publication offensante ou humiliante peut être vue par des centaines de milliers de personnes en quelques minutes seulement. Cette viralité cause du tort à la victime qui est jetée en pâture sur la place publique sans savoir comment se défendre et souvent sans savoir qui est à l'origine de la diffusion. L'anonymat d'Internet peut en effet rendre la recherche des auteurs de cyberharcèlement difficile, et les encourager à s'adonner à des actes de malveillance. Cachés derrière leur écran, les harceleurs se sentent protégés et il est de fait souvent difficile de les identifier et donc de prendre des mesures contre eux.
Les effets du cyberharcèlement peuvent être profonds et durables sur les plans mental, émotionnel et physique, et se traduire par une détresse intense, de la peur ou de la colère. La victime peut ressentir de la honte et perdre tout intérêt pour les activités qu'elle aimait auparavant, être perturbée dans son sommeil ou encore avoir des symptômes tels que des maux de tête et de ventre. Les jeunes se sentent souvent piégés et incapables de parler ou d'agir et, dans les cas les plus graves, cela peut conduire à un sentiment de désespoir profond, voire à des pensées suicidaires. Et les enfants adeptes des nouvelles technologies sont des cibles fréquentes de ce type de harcèlement en ligne. Une récente étude Statista révèle que près de 30 % des collégiens ont subi au moins une forme de cyberviolence durant l'année scolaire 2021-2022.
Face à ces risques, la MAE s'engage aux côtés des parents et des enfants avec son assurance scolaire et extrascolaire en proposant une indemnisation pour un accompagnement psychologique ou juridique ou encore des solutions pour supprimer ou noyer les contenus malveillants, ce qui permet une prise en charge des événements traumatisants comme les cyberviolences.
Pourquoi l'application Ten Ten expose-t-elle particulièrement ses utilisateurs au cyberharcèlement ?
Tout ce qui relève de la messagerie en ligne ou du réseau social est susceptible d'être détourné de son usage de base pour devenir un vecteur de cyberharcèlement. Là où Ten Ten se différencie, c'est que la personne qui reçoit un message vocal « subit » ce message. Elle ne fait pas elle-même la démarche proactive d'ouvrir son application pour en prendre connaissance, comme c'est par exemple le cas pour X (ex-Twitter) ou Instagram. La communication lui est transmise et imposée, sans le filtre de la notification ou de l'ouverture volontaire de la plateforme.
Ten Ten dispose donc, en quelque sorte, d'un niveau de protection de moins que les autres applications
Par ailleurs, un message insultant ou violent transmis à l'oral demeure moins facilement secret qu'un contenu écrit lorsqu'il est reçu en public. De quoi multiplier les risques d'humiliation publique.

Prévenir les risques de cyberharcèlement liés à Ten Ten
Parents, pour protéger votre enfant en ligne et garantir sa sécurité sur l'application Ten Ten, il est important de :
- Maintenir une communication ouverte : discutez régulièrement avec votre enfant de son expérience en ligne. Encouragez-le à parler de tout ce qui pourrait le déranger ou l'inquiéter.
- Surveiller et accompagner : configurez les notifications pour éviter les interruptions durant la nuit ou les périodes d'étude en activant le mode « Ne pas déranger » sur le téléphone de votre enfant.
- Limiter le temps d'utilisation : définissez des plages horaires fixes pendant lesquelles votre enfant peut utiliser l'application. Cela lui permettra de déconnecter et de participer à d'autres activités sportives et/ou créatives.
Les enseignants jouent également un rôle clé dans la prévention du cyberharcèlement en créant un environnement d'apprentissage positif et sécurisé. Ils peuvent développer la conscience de soi chez les élèves et les compétences interpersonnelles nécessaires à des relations respectueuses. En intervenant rapidement face aux incidents de violence et en promouvant des relations bienveillantes, ils contribuent ainsi à instaurer une culture du respect au-delà des murs de l'école.
Mesures de sécurité sur Ten Ten
Comme toutes les applications de son type, Ten Ten dispose de paramètres qui permettent de limiter son intrusivité et de réduire l'exposition des utilisateurs à ses contenus.
Chaque internaute garde le contrôle, avec la possibilité, à tout moment, de couper les notifications en temps réel, en deux clics directement dans l'application.
De même, mettre son téléphone en mode « avion » ou « silencieux » permet de se tenir temporairement à distance de l'application et d'éviter la délivrance malvenue d'un message à un moment inopportun.
De manière générale, en ce qui concerne les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée, il convient de sensibiliser vos enfants aux bonnes pratiques suivantes :
- Paramètres de confidentialité : utiliser les paramètres de confidentialité permet de contrôler qui peut voir un profil, ses photos, et lui envoyer des messages. Cela réduit les risques de cyberharcèlement.
- Sécurité des mots de passe : tous les mots de passe doivent être protégés et gardés secrets. Il ne faut pas les partager, même avec des amis proches.
- Gestion des messages : il ne faut jamais ouvrir les messages de personnes inconnues ou de celles qui sont réputées pour leur comportement d'harceleur, afin, entre autres, d'éviter les virus informatiques qui peuvent collecter les informations personnelles.

Que faire en cas de cyberharcèlement ?
Votre enfant est victime de cyberharcèlement ? Voici quelques démarches à entreprendre :
- Enregistrer les preuves : ne supprimez pas les messages de harcèlement. Conservez-les comme preuves en prenant des captures d'écran des messages, e-mails ou photos.
- Bloquer et signaler : utilisez les fonctionnalités de l'application pour bloquer et signaler les harceleurs à ses administrateurs. Cela aide à protéger votre enfant contre les contacts non désirés.
- Signaler les faits de cyberharcèlement en déposant une plainte à la police ou à la gendarmerie.
Enfin, à des fins de prévention, informez-le de l'existence du 3018 et de son application mobile. Ce numéro de téléphone permet de se faire accompagner gratuitement, anonymement et confidentiellement en cas de cyberharcèlement.
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