Prise de risque chez l'enfant : comment créer un environnement favorable au jeu libre ?

Prise de risque chez l'enfant : comment créer un environnement favorable au jeu libre ?

La découverte du monde est essentielle à tout être humain. Du bébé à l'adolescent, l'exploration insouciante s'accompagne souvent d'une prise de risque. Celle-ci participe au bon développement de l'enfant. Comment créer un environnement sain et sécurisé pour laisser les enfants faire leurs propres expériences et s'adonner au « jeu libre » ? Réponses pour les parents.

Qu'entend-on par « jeu libre » ?

Le concept de jeu risqué renvoie à « des formes passionnantes et stimulantes de jeu libre dont l'issue est incertaine, et qui comportent une possibilité de blessure physique », comme l'explique la Société canadienne de pédiatrie (SCP). Il peut s'agir de grimper à un arbre, ou de rouler vite à vélo par exemple.

Ce type de jeu extérieur non structuré contribue considérablement au développement de l'enfant. Il est même crucial pour sa santé physique, mentale et sociale, car il apporte de multiples bénéfices. Selon le docteur Chris Drew, la prise de risque dans l'enfance permet d'améliorer, entre autres :

  • La coordination motrice,
  • La force,
  • L'agilité,
  • La confiance en soi,
  • La prise de décision,
  • L'indépendance.

D'où l'importance, en tant que parent ou professionnel de la petite enfance, de créer des environnements qui favorisent le jeu risqué.

Quels sont les principes de base pour la création d'environnements de jeux risqués ?

Tout d'abord, il convient de distinguer deux notions :

  • Le « risque » : il existe lorsque l'enfant est capable d'analyser la difficulté d'un défi, et de choisir s'il souhaite l'affronter ou non en fonction de ses propres aptitudes (à quelle vitesse dévaler une pente ou jusqu'à quelle hauteur grimper, par exemple).
  • Le « danger » : il représente une menace non perçue par l'enfant, qui n'est pas en mesure de détecter ou de gérer la possibilité d'une blessure, telle qu'une balançoire mal ancrée.

Le risque et le danger font partie intégrante de la vie : votre petit y sera confronté de l'enfance à l'âge adulte. Pour les bébés, les jeunes enfants et les adolescents, le rôle des adultes consiste alors à éliminer les éventuels dangers. Mais comment savoir où placer le curseur pour accompagner le développement de l'enfant sans l'étouffer pour autant ? Où se situe la frontière entre protection et surprotection ?

Une sécurité « aussi sûre que nécessaire »

Pour trouver le juste équilibre, l'idée est d'apporter une « sécurité aussi sûre que nécessaire » plutôt qu'une « sécurité aussi sûre que possible ». La pédiatre Émilie Beaulieu précise en ce sens qu'il faut « assurer la sécurité nécessaire des enfants pendant le jeu, mais pas les maintenir en sécurité à tout prix ». En d'autres mots, supprimer les sources de dangers potentiels, et laisser évoluer les enfants plus librement, quitte à ce que des petits bobos surviennent.

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Ben Walschaerts, conseiller sécurité des cours d'école de la municipalité d'Anvers, partage cette vision, et met notamment l'accent sur la valeur ludique des activités. Il explique : « Quand la sécurité augmente, généralement, la valeur ludique diminue. On n'a pas envie de jouer dans le jeu le plus sécurisé possible. ». Tout est donc question d'étudier le rapport bénéfices/risques.

Enfin, la création d'environnements de jeux risqués inclut souvent des éléments naturels. On parle d'ailleurs aussi de jeu extérieur non structuré. Recourir à la nature, aussi bien au niveau des matériaux que des structures, permet de stimuler la créativité et le sentiment d'aventure liés au jeu libre. Des arbres à grimper, des monticules à descendre...

Comment concevoir des espaces de jeu qui encouragent la prise de risque ?

Pour commencer, sachez qu'il existe plusieurs catégories de jeu risqué, telles que :

  • Le jeu en hauteur : l'enfant escalade, saute ou se suspend en hauteur.
  • Le jeu à grande vitesse : il pédale vite, fait de la luge, court...
  • Le jeu avec des outils : il manipule des objets adaptés à son âge, sa force et sa taille sous la supervision d'un adulte. Un marteau pour construire une cabane, par exemple.
  • Le jeu turbulent et désorganisé : il joue à la bataille ou chahute avec ses camarades.
  • Le jeu à proximité d'éléments dangereux : il s'amuse près de l'eau.

Ensuite, il convient bien sûr d'ajuster l'activité à l'âge de l'enfant. Dans le cadre scolaire ou extrascolaire, l'objectif est de structurer les aires de jeux afin d'offrir divers degrés de risque et des défis adaptés aux capacités de chaque groupe d'âge.

Misez également sur la diversité des équipements pour permettre aux enfants de développer différentes habiletés :

  • Des plateformes, des rochers, des monticules pour apprendre à sauter depuis une certaine hauteur,
  • Des poutres, des rondins, des tuyaux pour acquérir de l'équilibre,
  • Des toboggans et des surfaces plus ou moins inclinées pour percevoir et varier la vitesse,
  • Des balançoires traditionnelles, en pneu ou en corde pour se balancer et jouer avec la hauteur et la vitesse,
  • Des chaises ou des bancs sur lesquels grimper et depuis lesquels sauter,
  • Des ustensiles de cuisine adaptés pour apprendre le maniement d'objets coupants et s'initier à leur dangerosité,
  • De tapis de sol ou des tatamis pour pouvoir chahuter, lutter et apprendre à apprivoiser les chutes.

Enfin, la topographie est une alliée précieuse pour la conception d'espaces propices au jeu libre et actif. Pentes, collines, surfaces irrégulières... Pensez à exploiter le terrain naturel pour créer des défis physiques !

Comprendre la notion de prise de risque chez l'enfant

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Quel rôle jouent les adultes dans la facilitation du jeu risqué ?

Pour rappel, les parents, assistantes maternelles ou tout autre adulte responsable d'enfants doivent impérativement identifier, puis supprimer ou atténuer les dangers avant de laisser les petits s'adonner au jeu risqué.

Une fois les aléas écartés, les adultes assurent une supervision appropriée : ils observent les enfants, les laissent prendre des risques calculés, et interviennent seulement si nécessaire. Le niveau de supervision à appliquer dépend de la nature de l'activité pratiquée, mais aussi de la personnalité de l'enfant, ainsi que de son stade de développement, de ses compétences et de son autonomie.

La communication et les éléments de langage associés à la prise de risque peuvent nécessiter une adaptation. En effet, si elles se veulent bienveillantes, les mises en garde répétées telles que « fais attention », « ralentis » ou « pas trop haut » peuvent transmettre de la peur aux jeunes enfants. Cela peut également compromettre leur confiance envers leurs propres aptitudes.

Au contraire, il est conseillé d'éduquer les enfants au risque, en leur enseignant comment évaluer et gérer les risques de manière autonome. Lorsque vous intervenez durant un jeu risqué, veillez à sensibiliser votre petit à une situation ou un comportement avant de l'aider à résoudre le problème. Privilégiez ainsi des phrases comme « Quel est ton plan si tu escalades ce rocher ? », « Comment vas-tu descendre ? », « Essaye de bouger tes pieds doucement » ou encore « Vois comme cet outil est coupant ».

Avec vos encouragements, votre soutien et votre attention, votre enfant pourra s'épanouir pleinement grâce au jeu risqué, dans un environnement aussi sûr... que nécessaire !

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