Comportement à risque : comment sensibiliser les jeunes ?

Comportement à risque : comment sensibiliser les jeunes ?

Le lycée et la vie étudiante sont des périodes durant lesquelles les jeunes sont tentés par de nouvelles expériences. Beaucoup d'entre eux se retrouvent à explorer leur sexualité de manière imprudente, à consommer des produits illicites ou à boire de manière excessive. Alors, comment les accompagner au mieux pendant ce moment charnière de leur existence, et prévenir les comportements à risque ?

Les comportements à risque chez les jeunes

Les comportements à risque chez les jeunes

La sensibilisation aux comportements à risque passe d'abord par la compréhension du phénomène, qui commence souvent dès le collège. Alors, qu'entend-on par « conduite à risque » ? Cette notion implique «l'exposition délibérée au risque de se blesser ou de mourir, d'altérer son avenir personnel, ou de mettre sa santé en péril », d'après l'anthropologue et sociologue David Le Breton, auteur d'Adolescence et conduites à risque.

Quels sont les comportements à risque chez les jeunes ?

Les situations considérées comme « à risque » chez les adolescents et jeunes adultes prennent plusieurs formes.

Les risques du tabac

Les enfants fument souvent leur première cigarette au collège. Puis, au lycée, certaines mauvaises habitudes se mettent en place, avant de devenir un nouveau mode de vie pendant le quotidien étudiant. Selon les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, plus de la moitié des lycéens ont déjà testé le tabac, et près d'un quart des élèves de terminale fument quotidiennement.

On différencie deux types de tabagismes :

  • Le tabagisme actif, où l'on fume et prend du tabac sous différentes formes (cigarette, tabac à rouler, narguilé, etc.),
  • Le tabagisme passif, qui consiste à respirer involontairement la fumée de notre environnement. Par exemple, lors de soirées en compagnie de fumeurs, les jeunes non-fumeurs sont exposés au tabagisme passif.

Heureusement, il existe des solutions pour arrêter de fumer, comme le traitement par substituts nicotiniques pour diminuer l'envie : patchs ou timbres à la nicotine à coller sur la peau, gommes à mâcher, nicotine en pulvérisation buccale par spray, etc. Le site Tabac Info Service est également une ressource en ligne destinée à accompagner les fumeurs dans leur arrêt du tabac.

Les dérives de l'alcool

42,4 % des élèves de terminale consomment régulièrement du cannabis

Lors de soirées étudiantes, l'envie de s'évader peut se traduire par une consommation excessive d'alcool en peu de temps, dans le but d'en ressentir les effets très rapidement. On appelle cela le binge drinking. Là encore, la pratique peut même débuter avant l'entrée en études supérieures : un quart des lycéens boivent de l'alcool.

On considère que l'usage régulier de drogues se développe pendant les années de lycée pour continuer dans la vie universitaire. En effet, un tiers des lycéens ont déjà fumé un joint de cannabis, et 42,4 % des élèves de terminale affirment en consommer de manière régulière.

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Les relations sexuelles non protégées

Une étude menée en 2019 par OpinionWay révèle que 2 étudiants sur 10 pensent que l'on guérit facilement du sida aujourd'hui. Les étudiants ne semblent pas prendre au sérieux les risques de contamination aux IST (infections sexuellement transmissibles) liés à une sexualité non protégée.

En effet, 56 % des jeunes interrogés n'utilisent pas systématiquement de préservatif à chaque rapport sexuel. De plus, 21 % d'entre eux ne font jamais de dépistage contre le VIH ou les IST en cas de changement de partenaire.

Les raisons sont multiples : une partie des jeunes concernés ne savent pas où se rendre pour un dépistage, d'autres pensent que cela coûte cher, ou encore ne supportent pas les prises de sang. Une prise de conscience est donc nécessaire pour lutter contre la propagation des IST et leurs conséquences, qui peuvent aller bien au-delà du simple désagrément passager. Par exemple, la chlamydia peut rendre stérile si elle n'est pas soignée à temps.

D'autres conduites juvéniles à risque

D'autres comportements mettent en danger leurs auteurs de façon plus ou moins voulue :

  • Les comportements périlleux sur la route : excès de vitesse, circulation à contresens,
  • Les jeux dangereux : blocage de la respiration, défis, agressions,
  • Les atteintes au corps : scarifications, abrasions,
  • Les fugues et les formes d'errance,
  • La délinquance et la violence.

Pourquoi les adolescents prennent-ils des risques ?

Il n'y a pas d'adolescence sans prise de risque.

La prise de risque fait partie intégrante du processus de développement de l'enfant, et ce, depuis la naissance. Grimper, sauter, jouer à la bagarre : le jeu risqué apporte de nombreux bienfaits dès le plus jeune âge. « Il n'y a pas d'adolescence sans prise de risque », rappelle ainsi le psychiatre Alain Braconnier.

Cette période charnière rime avec apprentissage de la liberté d'agir, soif d'expériences nouvelles et excitantes, quête d'indépendance et affirmation de soi. Mais pourquoi la frontière entre prise de risque adaptée et conduite à risque semble si mince ? Pour comprendre, il faut plonger à l'intérieur du cerveau de nos ados.

Les neurosciences ont démontré une maturation cérébrale à deux vitesses lors de l'adolescence :

  • La recherche d'émotions fortes augmente rapidement.
  • La capacité à réprimer les impulsions prend plus de temps à se développer.

En d'autres mots, les jeunes ont davantage envie de transgresser les interdits et de repousser les limites, alors que le contrôle des pulsions intervient plus tard. Résultat : l'émotion prime sur la raison !

Par ailleurs, l'influence des pairs est à prendre en compte : avec l'effet de groupe, un adolescent en quête d'acceptation peut participer à une surenchère de défis, et accepter des rites de passage dangereux.

Enfin, sachez que les comportements à risque peuvent aussi traduire un état de détresse chez l'adolescent et constituer ainsi un appel à l'aide.

Quelles sont les conséquences des pratiques qui mettent les jeunes en danger ?

Les comportements à risque peuvent avoir de multiples conséquences chez ceux qui les adoptent.

Les impacts sur la santé physique et mentale

L'alcool, le tabac et les drogues peuvent entraîner une addiction, mais aussi des accidents :

  • Le tabac: il est dangereux pour la santé et augmente le risque de maladies cardiovasculaires et respiratoires.
  • L'alcoolisation : elle peut mener au coma éthylique et provoquer des dégâts irréversibles. L'alcool affecte les réflexes et brouille le jugement, ce qui peut engendrer des comportements dangereux comme conduire en état d'ébriété, provoquer une bagarre, avoir des rapports sexuels à risque, etc.
  • Les drogues : leur consommation peut entraîner surdose, intoxication, dépression respiratoire, vulnérabilité psychique ou physique, etc. Sans compter le risque de toxicomanie.

Les jeux dangereux et violents, les relations sexuelles non protégées ou encore les comportements irresponsables au volant exposent également à des risques graves, voire mortels.

Les effets sur la vie sociale et les études

Les conduites à risque altèrent le bien-être physique et mental, et ont des répercussions sur les relations avec autrui : isolement social, violences, conflits, marginalisation... Sur le plan académique, le parcours scolaire et les résultats peuvent être affectés.

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Comment détecter un comportement à risque ?

En tant que parent, vous souhaitez naturellement tout faire pour protéger votre enfant. Le fait d'être attentif aux changements d'attitude de votre ado permet d'identifier les premiers signes d'un comportement à risque. Il est capital de connaître ces manifestations pour agir rapidement et offrir un soutien adapté à votre jeune.

Les signaux d'alerte d'une conduite à risque chez son ado

Le programme pHARe de l'Éducation nationale indique que les conduites suivantes peuvent être des indicateurs révélateurs. Si votre enfant :

  • Se replie sur lui-même,
  • Consomme de l'alcool ou de la drogue,
  • Fugue,
  • Se désintéresse de ses études,
  • Rapporte de plus en plus de mauvaises notes,
  • A un rapport ambigu avec son corps et la nourriture,
  • Prend les suicidés comme un exemple ou un modèle de courage,
  • Ne parvient plus à dialoguer avec ses parents ou avec les autres.

Alors il est peut-être coutumier des comportements à risque.

À noter : les garçons n'adoptent pas forcément les mêmes types de comportements à risque que les filles. Les premiers ont plus tendance à rechercher l'adrénaline et le plaisir via des conduites dangereuses, alors que les secondes intériorisent davantage leurs troubles, qui passent souvent par une image négative de leur apparence.

À quel moment doit-on s'inquiéter d'une conduite à risque à l'adolescence ?

La sonnette d'alarme doit être tirée lorsque les comportements peuvent avoir des conséquences à long terme, explique la psychologue Lisa Damour dans un article de l'Unicef. Parmi les conduites à risque les plus préoccupantes figurent l'expérimentation de drogues et d'alcool, les relations sexuelles non protégées, et les comportements physiquement imprudents.

Ainsi, il convient de s'inquiéter lorsque les risques pris peuvent avoir des effets durables, notamment si votre enfant fait du mal à autrui ou s'en prend à lui-même. Autre facteur alarmant : le fait de ne pas tirer de leçons de ses erreurs et de continuer à prendre des risques. Prenons l'exemple d'un adolescent qui boit excessivement de l'alcool durant une soirée, et s'en tire sans conséquences graves immédiates. La situation peut devenir problématique s'il persiste dans cette conduite.

La prévention face aux comportements à risque

L'intervention des parents

En tant que parent, vous désirez trouver une façon d'accompagner le développement de votre enfant sans l'étouffer, tout en assurant sa sécurité. Pour cela, la sensibilisation aux comportements à risque est importante.

Voilà quelques pistes pour vous aider à procéder :

  • Ouvrez le dialogue : abordez le sujet avec votre ado, et faites-lui comprendre que vous reconnaissez son droit à l'expérience, au plaisir et à la satisfaction procurés par les sensations fortes. L'objectif est de maintenir la communication.
  • Osez des limites fermes : parlez des conséquences des comportements à risque, qui sont à prendre au sérieux, et mettez en place des repères « non négociables » en expliquant pourquoi (incivilité, non-respect de la loi). Prévenez votre ado de votre intention d'intervenir en cas de franchissement de ces limites et de mise en danger.
  • Questionnez-le sur ses réactions : vous pouvez discuter en amont du bon comportement à adopter face à une situation à risque. La psychologue Lisa Damour donne l'exemple suivant : « Nous sommes soulagés de voir que tu as conscience que boire de l'alcool lorsque tu sors avec tes amis peut te mettre en danger. Mais que ferais-tu si tous les autres buvaient ? Qu'envisages-tu de dire ou de faire pour respecter le cadre que nous mettons en place en ce moment ? »
  • Encouragez-le à faire appel à vous : dites clairement à votre enfant que vous êtes là pour l'aider en toutes circonstances, notamment s'il se met en danger. Voilà ce que vous pouvez dire selon la docteure : « Nous te demandons de prendre les bonnes décisions et de faire attention à toi. Mais si jamais toi ou tes amis êtes en danger, il est important que tu fasses appel à nous. Nous te promettons de ne jamais te faire regretter de nous avoir demandé de l'aide. »

Précision utile : il est crucial de consulter un professionnel de la santé mentale lorsqu'un adolescent affiche de manière répétée des comportements préoccupants ou dangereux, et que vos tentatives pour l'encourager à une conduite plus saine demeurent inefficaces.

Le rôle des institutions universitaires

Pour lutter contre les addictions dans l'enseignement supérieur, un appel à manifestation d'intérêt (AMI) a été lancé par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). Il a pour but de soutenir des projets de prévention et de promotion de la santé des étudiants proposés par les établissements d'enseignement supérieur.

La prévention des conduites addictives concerne la consommation de produits addictifs tels que l'alcool, le tabac ou le cannabis, mais englobe aussi d'autres substances consommées en soirée dans le milieu étudiant.

Les services de santé universitaires (SSU) ont un rôle essentiel dans la prévention des comportements addictifs grâce à leurs missions axées sur la prévention et les soins. Ils ont mis au point des formations et des outils pour prévenir les risques festifs, et s'entourent des étudiants relais santé (ERS), qui ont reçu une formation. Ils sont une source complémentaire pour mener des actions efficaces aux côtés des professionnels de santé afin d'informer les autres étudiants sur les risques liés aux consommations addictives.

Les ressources et soutiens disponibles

De nombreux outils sont disponibles en ligne pour accompagner la prévention. Le portail Addict'Aide propose notamment un test d'évaluation des addictions pour aider les parents ou l'étudiant lui-même à identifier une conduite addictive.

FAQ sur les comportements à risque

  • Comment les réseaux sociaux influencent-ils les comportements à risque chez les jeunes ?

    Les réseaux sociaux peuvent normaliser et encourager les comportements à risque en montrant des contenus où ces conduites sont valorisées ou minimisées.
  • Les comportements à risque ont-ils évolué avec les générations ?

    Oui, les comportements à risque évoluent avec les générations, influencés par les changements culturels, technologiques et sociaux.
  • Peut-on prévenir les comportements à risque dès l'enfance ?

    Oui, la prévention des conduites à risque peut commencer dès l'enfance par l'éducation, la communication ouverte, et la promotion de comportements sains. Elle s'effectue à la maison et à l'école.
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